Rio, tome 1: Dieu pour tous, Louise Garcia et Corentin Rouge (scénario), Corentin Rouge (dessin). Editions Glénat, 64 pages, 14,95 euros.
Rio, ses plages et son christ rédempteur du Corcovado… qui surplombe les favelas implantées dans les collines. Rubeus, 9 ans, et sa petite soeur de 4 ans, Nina, vivent dans l’une d’elles. Mais après l’assassinat de leur mère par Jonas, un flic véreux, ils sont contraints de s’enfuir. Zonant en ville, ils vont finalement intégrer un gang de gamins des rues, vivotant de petites arnaques. Mais un coup plus ambitieux, un vol orchestré en bande dans un grand hôtel, va en faire la cible d’un commando clandestin de la police mené par Jonas. Placés dans un orphelinat avec les autres rescapés, la charmante Nina attire le regard de Madame White, femme d’un haut fonctionnaire d’un organisme de l’ONU, qui souhaiterait l’adopter…
Le Brésil s’est invité récemment dans l’actualité avec ses péripéties politiques et le « putsch légal » à l’encontre de sa présidente, Dilma Rousseff. Remettant en cause l’image de l’essor économique et social du pays. C’est, justement, une image plus immuable qui est décrite ici, celle du Brésil pauvre des favelas et des enfants des rues.
L’entrée en matière est radicale. Les portes de l’enfer appelées par une adepte du Candomblé vont bien s’ouvrir de façon brutale sur Rubeus, Nina et Alma. Une plongée immédiate dans la violence et une course pour la survie qui ne va pas cesser jusqu’à la fin de ce premier tome, porté par le dessin réaliste magistral de Corentin Rouge.
Fruit d’une scénariste brésilienne et d’un scénariste-dessinateur qui avait déjà plongé dans l’horreur latino-américaine avec Juarez, ce portrait d’un certain Brésil urbain misérable happe incontestablement. L’invocation des rites afro-brésiliens au début et à la toute fin laissent à penser que l’histoire pourrait aussi prendre une dimension mystico-fantastique.
L’attente ne devrait pas être trop longue. Le deuxième tome (pour cette série prévue en 4 volumes) est annoncé pour cet automne.