Rua Viva ! tome 1: Noticias, El Diablo (scénario), Julien Loïs (dessin). Editions Aaarg !, 56 pages, 14,90 euros.
Aaarg ! ce n’est pas (plus) seulement une belle revue, ce sont aussi des albums. Comme Rua Viva ! plongeant au coeur d’une favela brésilienne.
On s’y croirait, dans la favela de « Là-en-haut », qu’on imagine installée dans une colline au dessus de Rio, avec sa foule grouillante, ses dealers, ses gangs et ses pauvres types qui essaient d’y survivre. Les cinq histoires rassemblées ici content ainsi quelques tranches de vie et autant de personnages haut en couleurs: Bonobo, le frimeur tout fier d’avoir été invité à la « baïle funk » du gang du coin et qui le paiera cher ; José, l’artiste venu du Nordeste, pris dans un engrenage fatal à cause de son art à décorer les armes ; les deux petits Raposa et Polvo persécutés sur le chemin de l’école par le flic ripoux Punho et son molosse ; Joao, le petit voleur de sacs ou le doux Coelho dont la machination destinée à lui redonner une contenance dans le quartier va déclencher une rumeur fatale…
Rassemblant des histoires courtes publiées dans le trimestriel ces derniers mois et des inédits, cet album donne une vraie cohérence et densité à la série. Associées, ces historiettes décrivent un univers d’une grande richesse potentielle, qui tient autant à ses personnages de loosers touchants qu’à l’ambiance générale. Le tout lesté de l’humour noir doux-amer qu’on commence à apprécier chez El Diablo, à qui l’on doit notamment Un homme de goût à Pizza Roadtrip. Dans un style animalier rappelant un peu l’ambiance punk d’un Kebra, mais remixé à la mode samba, Julien Loïs illustre avec force l’univers haut en couleurs de ces petites fables de favela.